Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/356

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mâles et femelles, se posent sur de grosses souches et manifestent le plus vif désir de se plaire mutuellement. Les mâles s’occupent à se choisir une compagne, et quand leur goût est fixé, chacun d’eux s’envole et enlève sa femelle loin des autres, pour ne plus se mêler ni s’associer avec le reste de la bande, du moins tant que leur future couvée ne sera pas en état de les suivre au milieu des airs. Depuis lors, et jusqu’au moment de l’incubation (environ deux semaines), on les voit constamment planer côte à côte.

Ces oiseaux ne bâtissent pas de nid, et cependant ils sont très attentifs à bien placer leurs deux œufs : au milieu des marais profonds, mais toujours au-dessus de la ligne des plus grandes eaux, ils cherchent quelque gros arbre creux, soit debout, soit à terre, et les œufs sont déposés sur la poussière qui provient, au dedans, de la destruction du bois, quelquefois immédiatement à l’entrée du trou, d’autres fois à plus de vingt pieds dans l’intérieur. Le père et la mère couvent à tour de rôle et se nourrissent l’un l’autre, ce que chacun d’eux fait en dégorgeant immédiatement devant celui qui est sur le nid, tout ou partie du contenu de son estomac. L’éclosion des petits demande trente-deux jours. Un épais duvet les recouvre complétement ; à cette première période et pendant près de deux semaines, les parents les nourrissent en leur dégorgeant aussi, mais dans le bec, les aliments presque digérés, à la manière du pigeon commun. Cependant le duvet s’allonge, devient plus rare et d’une teinte plus foncée, à mesure que l’oiseau grandit. Au bout de trois