Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/361

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ses larges ailes et, poussant un cri rauque, s’élevait lentement dans les airs. Nous venions de passer près d’un vaisseau à l’ancre, quand s’offrit à nos yeux la ville de Savannah, où nous ne tardâmes pas à aborder.

Je me rendis à un hôtel, et j’arrêtai de suite ma place à la malle, pour gagner directement Charleston. Cependant j’étais porteur d’une lettre d’introduction, de la part des Rathbones de Liverpool, auprès d’un marchand de la ville, chez lequel je ne pouvais me dispenser de passer, pour lui faire mes remercîments. Je lui avais en effet précédemment écrit, et plusieurs fois il avait eu la bonté de se charger du soin de mes caisses et de mon bagage. En compagnie d’un gentleman qui s’offrit complaisamment pour me servir de guide, je me mis en route et fus assez heureux pour le rencontrer lui-même dans la rue. Ce brave marchand prit mon bras sous le sien, et, tout en cheminant, me parla des nombreuses demandes d’argent qui lui étaient adressées pour des œuvres charitables, du haut prix de mes Oiseaux d’Amérique, de l’impossibilité où il se voyait de souscrire à cet ouvrage, et finit par me dire qu’il serait bien étonné si je parvenais à trouver un seul amateur dans toute la ville.

J’avais déjà l’esprit dans un grand abattement ; mon voyage aux Florides avait été coûteux et sans profit, parce que je ne l’avais pas entrepris dans un moment favorable ; et je l’avoue, pendant que ce gentleman me parlait, ce qui m’attristait bien plus encore que ce qu’il pouvait me dire, c’était la pensée de ma famille. Cependant, nous arrivâmes à son comptoir où je rencon-