Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/37

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et de l’Alabama, telles sont les régions où abonde ce magnifique oiseau. Il est moins commun en Géorgie et dans les Carolines ; devient encore plus rare dans la Virginie et la Pensylvanie ; et maintenant c’est à peine si l’on en voit à l’est de ces derniers États. Dans tout le cours de mes excursions à travers Long-Island, l’État de New-York et les divers pays entourant les lacs, je n’en ai pas rencontré un seul ; et pourtant je savais qu’il en existait quelques-uns de ce côté. On en trouve encore tout le long de la chaîne des monts Alleghanys ; mais ils y sont devenus si farouches, qu’on ne peut les approcher qu’avec une extrême difficulté. Une fois, en 1829, dans la grande forêt de pins, je ramassai une plume tombée de la queue d’une femelle, mais je ne pus voir l’oiseau. Plus loin, à l’est, je ne pense pas qu’il y en ait aujourd’hui.

Ce que je dirai de cette espèce aura trait aux individus que j’ai observés dans les contrées où il s’en trouve le plus ; et comme j’ai longtemps habité le Kentucky et la Louisiane, c’est principalement à ceux de ces derniers États que je ferai allusion.

Le dindon sauvage n’émigre qu’irrégulièrement, et ce n’est qu’irrégulièrement aussi qu’il va par troupes. Comme se rapportant à la première de ces circonstances, je noterai qu’aussitôt que les fruits des forêts[1] deviennent plus abondants dans une partie de la contrée que

  1. The mast. En Amérique, on entend par ce mot, non-seulement la faîne, mais en général toute espèce de fruits de forêts, aussi bien que les diverses sortes de baies, et même le raisin.