Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/372

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moins j’ai pu m’assurer depuis que les jeunes pewees élevés dans la grotte étaient revenus, le printemps suivant, s’établir un peu plus haut, sur la crique et les dépendances de ma plantation.

Dans une autre occasion, je vous donnerai de telles preuves de cette disposition qu’ont les oiseaux à revenir, avec leur progéniture, au lieu de leur naissance, que peut-être vous serez convaincu, comme je le suis en ce moment, que c’est précisément à cette tendance que chaque contrée doit l’augmentation qu’on remarque souvent parmi ses espèces, soit d’oiseaux, soit de quadrupèdes. Ils arrivent attirés par les nombreux avantages qu’ils y trouvent, à mesure que le pays devient plus ouvert et mieux cultivé. Mais reprenons l’histoire de nos pewees.

Au troisième jour, les petits étaient éclos. Un seul œuf n’avait rien produit, et la femelle, deux jours après la naissance de sa couvée, le poussa résolûment hors du nid. Je l’examinai et reconnus qu’il contenait un embryon d’oiseau en partie desséché, et dont les vertèbres adhéraient entièrement à la coquille, ce qui avait dû causer sa mort. Jamais je n’ai vu d’oiseaux témoigner autant de sollicitude pour leur famille. Ils rentraient si souvent au nid avec des insectes, qu’il me semblait que les petits croissaient à vue d’œil. Les parents ne me regardaient plus comme un ennemi, et venaient souvent se poser tout près de moi, comme si j’eusse été l’un des rochers de la caverne. Fréquemment je m’enhardissais jusqu’à prendre les jeunes dans ma main ; plusieurs fois même, j’ôtai du nid toute la