Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/375

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le nom qui leur conviendrait le mieux serait celui de gobe-mouches des rochers. Partout où ces sortes de rochers existent, j’ai vu ou entendu de ces oiseaux durant la saison des œufs. Je me rappelle qu’une fois en Virginie, je voyageais avec un ami qui m’engagea à me détourner un peu de notre route pour visiter le fameux pont, ouvrage de la nature, que l’on remarque dans cet État. Mon compagnon, qui déjà plusieurs fois avait passé dessus, s’offrit à parier qu’il me conduirait jusqu’au beau milieu, sans même que je me fusse douté de son existence. On était au commencement d’avril, et d’après la description du lieu, telle que je l’avais vue dans les livres, j’étais certain qu’il devait être fréquenté par des pewees. Je tins la gageure, et nous voilà partis au trot de nos chevaux, moi désirant beaucoup me prouver ici encore, qu’à force d’appliquer son esprit à un sujet, on peut finir tôt ou tard par le bien connaître. Je prêtais l’oreille aux chants des différents oiseaux ; enfin, j’eus la satisfaction de distinguer le cri du pewee. J’arrêtai mon cheval pour juger de la distance à laquelle l’oiseau pouvait être ; puis, après un moment de réflexion, je dis à mon ami que le pont n’était pas à plus de cent pas de nous, bien qu’il nous fût tout à fait impossible de l’apercevoir. Mon ami resta stupéfait : comment avez-vous pu le savoir, me demanda-t-il ? car vous ne vous trompez pas. Simplement, lui répondis-je, parce que j’ai entendu le chant du pewee, et que cela m’annonce que non loin, il doit y avoir une caverne ou quelque crique aux roches profondes. Nous avançâmes ; les pewees s’élevèrent en troupe de des-