Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/397

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Autrefois, le Kentucky dépendait de la Virginie ; mais, dans ce temps-là, les Indiens regardaient cette partie des solitudes de l’ouest comme leur propriété, et n’abandonnèrent le pays que lorsqu’ils y furent forcés, pour s’enfoncer, la mort dans l’âme, jusqu’au plus profond des forêts inexplorées. Sans aucun doute, la richesse du sol, la magnificence de ces rivages, au long d’une des plus belles rivières du monde, ne contribuèrent pas moins à attirer les premiers Virginiens, que le désir, si général en Amérique, de se répandre sur les contrées incultes et d’amener à une abondance plus en rapport avec les besoins de l’homme ces terres qui, depuis les âges inconnus, n’ont rien produit encore que sous l’influence de la sauvage et luxuriante fécondité d’une nature indomptée. La conquête du Kentucky ne s’accomplit pas cependant sans de grandes difficultés ; la guerre, entre les envahisseurs et les peaux-rouges, fut sanglante et dura longtemps. Mais les premiers finirent par s’établir solidement sur le sol, et les autres durent lâcher pied, avec leurs bandes décimées, et accablés par le sentiment de la supériorité morale et du courage à toute épreuve des hommes blancs.

Cette contrée, si je ne me trompe, fut découverte par un déterminé chasseur, le fameux Daniel Boon. La fertilité du sol, ses superbes forêts, le nombre de ses rivières propres à la navigation, ses sources salées, ses cavernes à salpêtre, ses mines de charbon, les vastes troupeaux de buffles et de daims paissant sur ses montagnes et dans ses riantes vallées, étaient un attrait bien suffisant pour les nouveaux venus qui