Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/420

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Les exhalaisons des marais qui sont dans le voisinage exercent d’abord sur eux leur funeste influence. Mais ils se mettent résolûment à l’ouvrage, et leur premier soin est de se prémunir contre l’hiver. La hache et le feu ont bientôt préparé une petite place où l’on élève une cabane provisoire. Au cou de chacun des bestiaux est suspendue une clochette, puis on les lâche dans les cannaies des environs ; les chevaux restent près de la maison, où ils trouvent, à cette époque, une nourriture suffisante. Le premier bateau de commerce qui fait halte dans ces parages leur procure, s’ils veulent, de la farine, des hameçons, des munitions et autres choses dont ils ont besoin. Les métiers sont montés ; bientôt les rouets fournissent un peu de laine filée, et en quelques semaines la famille, jetant de côté ses habits en haillons, peut en revêtir d’autres mieux appropriés au climat. Cependant le père et les fils ont planté des pommes de terre, semé des navets avec d’autres légumes ; et quelque bateau venu du Kentucky leur a fourni un commencement de basse-cour.

Arrive octobre, nuançant les feuilles de la forêt. Les rosées du matin sont froides, les journées chaudes, les nuits glacées ; et en peu de jours la famille, non encore faite au climat, se trouve attaquée de la fièvre. La langueur et la maladie abattent leurs forces, et quelqu’un qui les voit en ce moment peut bien les appeler, en effet, des êtres chétifs et misérables. Heureusement la saison malsaine est bientôt passée, et les gelées blanches commencent à paraître. Insensiblement les forces reviennent, les plus gros frênes sont abattus, leurs