Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/430

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qui avait abandonné la vie errante de sa race, pour se livrer à l’agriculture et au commerce du bois. Là nous vîmes faire des raquettes, ouvrage qui réclame encore plus d’adresse qu’on ne serait tenté de le croire. Ce sont les hommes, en général, qui façonnent la charpente, à laquelle les femmes entrelacent des lanières provenant ordinairement de la peau du daim karibou[1].

Le lendemain, nous continuâmes à pied ; mais au bout de soixante milles, une forte averse nous surprit et nous retint tout un jour. Ayant mis les raquettes, nous pûmes enfin repartir ; et après quelques milles seulement d’une marche pénible, nous atteignions la tête du lac Musquash, où nous trouvâmes un camp que quelques bûcherons avaient dressé l’hiver précédent, et dans lequel nous établîmes notre quartier général. Dans l’après-midi, un Indien poussa jusqu’à un quart de mille de notre camp un élan femelle, avec ses deux petits âgés d’un an. Mais il fut obligé de tuer la mère. Nous désirions avoir les jeunes vivants, et nous réussîmes avec beaucoup de peine à en attraper un, que nous enfermâmes dans une sorte d’étable destinée aux bestiaux des bûcherons. Quant à l’autre, la nuit étant survenue, nous dûmes l’abandonner dans les bois. Nos chiens, de leur côté, avaient forcé deux jolis daims qui, avec quelques tranches de l’élan, nous composèrent un repas des plus délicieux. Il est vrai de dire aussi que nous avions grand appétit. Après ce souper

  1. Nom que certaines peuplades de l’Amérique du Nord donnent au renne.