Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/44

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ils me laissaient approcher à quelques pas. Ils ne peuvent plus voler, mais ils courent très vite, et s’échappent à de grandes distances. Un chien dressé pour cette chasse, mais lent à la poursuite, me fît faire un jour plusieurs milles avant de pouvoir forcer le même oiseau. Certes, si je ne reculais pas devant de pareilles courses, c’était moins dans l’intention de me procurer de ce gibier dont la chair alors est très mauvaise et qui a le corps couvert de tiques, que pour me rendre compte de ses habitudes et de ses allures. Les coqs se retirent ainsi à l’écart pour se refaire et reprendre des forces en se purgeant avec certaines herbes, et se livrant à moins d’exercice. Aussitôt qu’ils se retrouvent en meilleur état, ils se réunissent de nouveau et recommencent à parcourir les bois.

Mais revenons aux femelles :

Vers le milieu d’avril, quand la saison est sèche, les poules s’occupent à chercher une place pour déposer leurs œufs. Elles tâchent de la dérober, autant que possible aux yeux de la corneille ; car cet oiseau ayant l’habitude de les guetter lorsqu’elles se rendent à leur nid, attend dans leur voisinage, qu’elles le quittent un moment, pour enlever et manger les œufs. Le nid, composé seulement de quelques feuilles sèches, repose par terre, dans un trou que la femelle creuse au pied d’une souche, ou dans la cime tombée de quelqu’arbre à feuilles mortes ; quelquefois sous un buisson de sumac et de ronces, ou bien enfin, au bord d’un champ de cannes, mais toujours en place sèche. Les œufs, couleur de crème brouillée, pointillés de roux, sont rarement au