Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/456

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frange de pourpre les nuages qui planent à l’horizon lointain. À travers les vastes portiques de l’occident, rayonne un éblouissant éclat de gloire, et les masses de vapeur paraissent comme des montagnes d’un or bouillonnant dans la fournaise. Enfin l’astre tout entier a disparu ; et de l’est, monte lentement le voile grisâtre que la nuit tire sur l’univers.

Au léger souffle d’une brise de mer, l’engoulevent s’élance agitant ses ailes silencieuses ; les sternes ont gagné la terre et reposent doucement sur leurs nids ; on voit passer la frégate qui se dirige là-bas vers les mangliers ; et le fou à manteau brun, qui cherche un refuge, s’est perché sur la vergue du vaisseau. Nageant avec lenteur vers le rivage, et leurs têtes seules au-dessus de l’eau, s’avancent les tortues à la lourde carapace, et que presse le besoin de déposer leurs œufs dans les sables bien connus. Sur la surface à peine ridée du courant, je distingue confusément leurs larges formes ; et tandis qu’elles cheminent avec effort, le bruit d’une respiration précipitée trahit par intervalles leur défiance et leurs frayeurs. Cependant, la lune de sa lumière argentée éclaire la scène ; et la tortue ayant enfin abordé, tire péniblement sur le rivage son corps pesant ; c’est qu’en effet ses pattes en nageoires sont bien mieux organisées pour se mouvoir dans l’eau que sur la terre. Pourtant l’y voilà ! elle se met laborieusement à l’œuvre ; et voyez avec quelle adresse elle écarte le sable de dessous elle et le rejette à droite et à gauche. Couche après couche, elle dépose ses œufs, les arrange avec le plus grand soin, puis de ses pattes de