Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/56

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pouvoir tirer la détente par le moyen d’une longue corde, tout en restant complétement caché aux yeux des dindons. Dès que ceux-ci eurent aperçu le blé dans la tranchée, ils ne se firent pas prier pour faire place nette, sans cesser, pour cela, leurs ravages dans les champs. La tranchée fut de nouveau remplie, et un beau jour, lorsqu’il la vit toute noire de dindons, le fermier se mit à siffler très fort. À ce bruit, la bande entière lève la tête, alors il tire la ficelle et le coup part ! Vous eussiez vu les dindons décampant dans toutes les directions, en déroute complète et frappés d’épouvante. Quand il courut à la tranchée, il en trouva neuf sur le champ de bataille ; les autres ne jugèrent pas à propos de renouveler leurs visites au blé, de toute la saison.

Au printemps, on appelle, ou, comme on dit, on appipe les dindons en aspirant l’air d’une certaine façon à travers l’un des os qui forment la seconde jointure à l’aile de cet oiseau. On produit ainsi un son qui ressemble à la voix de la femelle. Le mâle y vient et on le tue. Mais c’est un instrument dont il faut prendre garde de donner à faux, car les dindons sont très difficiles à tromper ; à moitié civilisés surtout, ils deviennent farouches et grandement soupçonneux. J’en ai vu plusieurs répondre à cet appel, mais sans bouger d’un pas, et ainsi, déjouer entièrement la ruse du chasseur qui lui non plus, n’ose remuer, de peur qu’un seul regard du coq ne rende inutile toute tentative ultérieure pour l’attirer.

Mais la méthode la plus commune et la plus fructueuse pour se procurer des dindons, c’est celle des