Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/61

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faire retrouver à l’instant toutes ses jambes ! par hasard, un de mes amis passait par là, à la recherche d’un daim blessé ; il prit l’oiseau sur sa selle, devant lui, et le réintégra au domicile. — Le printemps suivant, il fut tué par mégarde, ayant été pris pour un dindon sauvage ; mais on me le rapporta, après qu’on l’eut reconnu au ruban rouge qu’il portait toujours autour du cou.

Maintenant, dites-moi, cher lecteur, quel nom donner à ce fait ? Voilà un dindon qui reconnaît mon chien, longtemps son compagnon dans le verger et dans les champs ! Est-ce ici le résultat de l’instinct ou de la raison ; l’effet purement mécanique d’une impression qui se réveille, sans que l’animal en ait conscience, ou bien, l’acte d’un esprit intelligent ?

À l’époque où je me retirai dans le Kentucky, il y a déjà plus d’un quart de siècle, les dindons étaient si abondants, que le prix d’un de ces oiseaux sur le marché, était moindre qu’aujourd’hui celui du plus mince volatile de basse-cour. J’en ai vu offrir pour la somme de trois pence[1] la pièce, et qui pesaient de dix à douze livres. Un dindon de premier choix, pesant de vingt-cinq à trente livres, était regardé comme bien vendu pour un quart de dollar[2].

Quant aux poules, leur poids est de neuf livres, en moyenne. Cependant, dans la saison des fraises, j’ai tué des femelles qui ne pondaient plus et pesaient treize

  1. 30 centimes.
  2. 1 fr. 25 centimes.