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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/72

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qui semblait n’avoir été coupée dans le roc que pour permettre aux habitants du marais de recevoir leurs provisions du village que je venais de quitter. Plusieurs fois nous nous trompâmes de chemin, et il faisait nuit sombre quand un poteau nous indiqua par bonheur celui qui conduisait à la maison d’un M. Jediah Irish à qui j’avais été recommandé. Nous prîmes alors en cahotant par une descente roide que bordaient, d’un côté, des rochers à pic, et de l’autre un petit ruisseau qui semblait gronder à l’approche des étrangers. Le sol était tellement encombré de lauriers et de grands pins de diverse nature, que le tout ne présentait qu’une masse confuse et ténébreuse.

Enfin nous atteignîmes l’habitation dont la porte se trouvait déjà ouverte, l’apparition de visages inconnus n’ayant rien de surprenant, même dans les parties les plus reculées de nos forêts. J’entrai et l’on m’approcha tout d’abord une chaise, tandis qu’on montrait à mon conducteur le chemin de l’étable ; et dès que j’eus exprimé le désir que j’éprouvais de rester quelques semaines dans cette maison, la bonne dame à qui je m’adressais me répondit de la façon la plus obligeante, quoique pour le moment, son mari fût absent de chez lui. J’engageai tout de suite la conversation, en demandant quelle était la nature du pays, et si les oiseaux étaient nombreux dans le voisinage ; mais mistress Irish s’entendant mieux aux affaires de son intérieur qu’à ce qui concernait l’ornithologie, me renvoya, pour les renseignements, à un neveu de son mari, qui ne tarda pas à paraître, et en faveur duquel à première vue, je me