Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/95

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chement pour leurs jeunes, tant qu’ils ne sont encore que de petite taille, et monter en ce moment au nid serait certainement dangereux. Mais après qu’ils sont devenus grands, et lorsque étant déjà capables de déployer leurs ailes et de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins ils refusent de s’envoler, alors les vieux les mettent dehors et les battent pour les faire partir. Toutefois, ils reviennent au nid, pendant plusieurs semaines encore, pour passer la nuit ou dormir sur les branches les plus voisines. Tant qu’ils demeurent à la charge de leurs parents, ils sont copieusement nourris ; ceux-ci leur fournissent en abondance du poisson, soit qu’ils le trouvent rejeté sur le rivage, soit qu’ils l’aient volé à l’orfraie.

En même temps, ils leur apportent des lapins, des écureuils, de jeunes agneaux, des cochons de lait, des opossums ou des ratons. Tout ce qu’ils rencontrent est de bonne prise et fait les délices de la jeune famille, non moins que des parents.

Les jeunes commencent à produire dès le printemps suivant, mais non toujours par couples du même âge. Souvent j’ai remarqué que l’un de ces oiseaux, à plumage encore brunâtre, était apparié avec un autre en pleine couleur, et qui avait la tête et la queue d’un blanc pur. Une fois j’en tuai deux dans ces conditions, et l’individu brun, c’est-à-dire le plus jeune, se trouva être la femelle.

En captivité, ces oiseaux demandent au moins quatre ans pour acquérir toute la beauté de leur plumage. J’ai même eu connaissance de deux cas où le blanc de la tête ne se montra qu’à la sixième année. Je suppose