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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/99

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d’épais brouillards couvrent assez fréquemment la terre et empêchent de voir, dans aucune direction, à plus de trente ou quarante pas devant soi. D’un autre côté, les bois offrent si peu de variété, que chaque arbre semble n’y être que la répétition de tous les autres ; et l’herbe, quand elle n’a pas été brûlée, est si haute, qu’un homme d’une taille ordinaire ne peut regarder par-dessus, alors pourtant qu’il lui est si nécessaire de n’avancer qu’avec la plus grande précaution, de peur que, sans s’en apercevoir, il ne dévie de la trace peu marquée qu’il suit. Pour surcroît de difficulté, souvent plusieurs traces se rencontrent, et dans ce cas, à moins qu’on ne connaisse parfaitement les environs, on n’a rien de mieux à faire que de se coucher là et d’attendre que le brouillard soit dissipé. Dans de telles circonstances, quelque exercé qu’on soit à la vie des bois, on court risque de s’égarer pour plus ou moins de temps ; et je me rappelle fort bien m’y être trouvé moi-même, une fois que, m’étant imprudemment aventuré à la poursuite d’un animal blessé, je m’étais laissé entraîner à quelques pas seulement d’un de ces étroits sentiers.

Notre bûcheron, après s’être fatigué, pendant plusieurs heures, à chercher et à courir, commença enfin à se douter qu’il devait avoir fait beaucoup plus de chemin qu’il n’y en avait de sa cabane au marais. Le brouillard s’était dissipé, et il s’aperçut avec alarme que le soleil touchait à son méridien, et qu’il ne reconnaissait aucun des objets qui l’environnaient.

Jeune, vigoureux et actif, il s’imagina qu’il avait