Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/136

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rafales, et comme heureux d’échapper enfin aux régions glacées qui leur ont donné naissance, ils se jouent avec un redoutable mugissement parmi les arbres et dans les clairières de la forêt, et chassent devant eux des ondées de givre et de neige qui, par intervalles, couvrent la terre. Le laboureur soigneux rassemble ses troupeaux pour les mettre à l’abri ; le voyageur accepte de grand cœur l’hospitalité de l’habitant des bois ; il s’assied à son foyer qui pétille, et prend plaisir à contempler les divers travaux de ses hôtes diligents. C’est le moment où le bûcheron se prépare à son long voyage, où le trappeur cherche les retraites de l’industrieux castor, et où l’Indien à peau rouge fait ses dispositions pour les chasses de l’hiver. Déjà, vers le sud, les oies et les canards sont arrivés sur les étangs ; de temps à autre, on aperçoit un ou deux cygnes poursuivant leur migration au sein des airs ; et tandis que l’observateur de la nature se tient l’esprit attentif aux apparences et aux changements de la saison, de là-haut parvient à son oreille le cri des Grues qui passent rapides, sans que son œil puisse encore les voir. Mais soudain l’atmosphère s’est éclaircie et la troupe errante apparaît. Graduellement elles descendent, mettent en ordre leurs longues lignes, et se disposent à toucher terre. Le cou tendu, leurs grandes jambes osseuses en arrière, elles s’avancent, portées par leurs ailes blanches comme la neige, et que termine une pointe d’un noir lustré. Les voilà qui planent au-dessus de l’immense savane ; elles tournoyent, s’approchent lentement du sol, puis, les ailes à moitié fermées