Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/139

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il n’avait encore vu que des échantillons empaillés. Je lui ai dit que les sujets blancs étaient des adultes, et les gris des jeunes. Wilson, dans l’article qu’il consacre à cette Grue, ne manque pas de faire allusion à ce fait ; seulement, ici, comme en d’autres circonstances, il oublie de dire au lecteur d’où lui est venue l’information.

Hendersorn, 11 novembre 1810. — La Grue est arrivée, vers le 28 du mois dernier, au long étang, où j’en ai vu deux troupes de jeunes ; il y en a aussi une d’adultes sur le petit étang. Les unes et les autres se sont mises immédiatement à fouiller dans la boue, les eaux de pluie commençant à peine à couvrir ces bas-fonds qui, dans l’été, sont tout à fait à sec. Elles travaillent résolûment de leur bec, et parviennent à déterrer les racines des grands lis d’eau, qui souvent s’enfoncent à une profondeur de deux ou trois pieds. Plusieurs Grues sont ensemble dans le même trou, bêchant après les racines et autres substances qu’elles finissent par découvrir, et qu’elles mangent avidement. Tandis qu’elles travaillent, on a chance de les approcher ; en effet, comme elles baissent la tête, elles ne peuvent vous voir ; et en attendant qu’elles la relèvent de temps en temps, pour examiner ce qui se passe aux environs, vous pouvez vous avancer à portée de fusil. Je remarquai que pendant qu’elles étaient à l’ouvrage, elles gardaient le plus parfait silence. Je me tenais caché derrière un gros cyprès, à une trentaine de pas d’une de ces troupes ainsi occupée ; chaque oiseau était enfoncé, comme je l’ai dit, dans les grands trous qu’ils