Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/158

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rapporter deux fois plus. — Et maintenant ? demandai-je. — Maintenant ! répondit le père, continuons ! Ainsi fîmes-nous, les chiens en tête, et moi bien loin à l’arrière-garde. En moins de rien, nos intrépides en eurent dépisté un troisième ; et en les rejoignant, nous les trouvâmes postés sur leur derrière, qui regardaient en haut et aboyaient. Alors on eut recours aux haches, et bientôt les copeaux volèrent d’une telle force, que l’un d’eux me frappa à la joue et me marqua si bien que mes amis me demandaient encore, une semaine après : Mais, au nom du ciel, où avez-vous donc attrapé ce coup à l’œil ? Cependant l’arbre commençait à trembler, puis à pencher d’un côté ; et refoulant l’air qui mugissait à travers les branches, la pesante masse finit par s’étendre sur la terre, avec un horrible craquement. Ce n’était pas un Raton, mais bien trois qui s’y étaient réfugiés. Seulement l’un d’eux, plus vieux et plus avisé, en sentant l’arbre frémir sous lui, avait lestement sauté de la cime en bas. Quant aux autres, ils s’étaient enfoncés dans le creux d’une branche, d’où ils furent promptement délogés par un des chiens. Tike et Lion, qui avaient flairé la piste du premier, détalèrent après, ne donnant sans doute pas de la voix aussi savamment que la meute bien dressée d’un de nos chasseurs de renards du Sud, mais en criant comme des enragés. Les fils du chasseur se chargèrent de ceux de l’arbre ; lui et moi, précédés de Toby, nous suivîmes l’autre ; et vous pouvez croire qu’il nous donna assez à faire à tous les trois. C’était un animal d’une taille extraordinaire. Après avoir longtemps couru, nous parvînmes à lui