Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/160

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rusé ; néanmoins, avec des soins on l’apprivoise, et il devient très familier. Comme le singe, il se sert fort adroitement de ses pattes de devant, apprend à trotter après son maître, à la manière d’un ours, et même le suit par les rues. Il est friand d’œufs, mais les préfère crus. Que ce soit le matin, le midi ou le soir, cela ne lui fait rien, quand il en trouve une douzaine, dans un nid de faisan, ou seulement lorsqu’il en flaire un que vous avez mis dans votre poche pour l’allécher. Il connaît les habitudes des moules, mieux que la plupart des conchyliologistes, grimpe on ne peut plus lestement, et monte au trou du pic, dont il dévore les petits. Très habile à découvrir la retraite des tortues, il l’est plus encore à dérober leurs œufs. Parfois, au bord d’un étang, il reste étendu comme un chat, faisant le mort, ou semblant dormir, jusqu’à ce qu’un canard imprudent passe à sa portée. Il n’est pas un nègre qui sache plus pertinemment que lui quand le grain est laiteux et agréable à manger. Les écureuils et les pics le savent également ; mais, dans la saison, le Raton séjourne bien plus longtemps qu’eux sur les champs de blé, et y prélève une véritable dîme. En hiver, sa fourrure est assez recherchée ; et on ne manque pas de gens qui disent que sa chair est bonne aussi. Pour moi, je préfère le Raton vivant au Raton mort, et j’ai plus de plaisir à le chasser qu’à le manger.