Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/213

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bourg. Sa captivité temporaire l’avait rendu un peu plus méfiant et plus farouche ; cependant il n’en continua pas moins ses visites quotidiennes au jardin, où il ramassait les harengs et autres morceaux qu’on y jetait à son intention. Au commencement de mars 1823, ses visites cessèrent, et nous ne le revîmes plus qu’à la fin de l’automne. Ces échappées pendant l’hiver, à Canonmills, et ces excursions d’été, dans quelque endroit inconnu où sans doute il se retirait pour nicher, se prolongèrent pendant plusieurs années, avec une grande régularité. Seulement, je remarquai qu’après la mort de sa protectrice, en 1826, il se montra plus rarement. — Mon journal porte cette note, à la date du 26 octobre 1829 : Le grand Goëland de la vieille Peggy est arrivé ce matin sur l’étang. C’est le septième ou huitième hiver qu’il revient régulièrement. — Il amenait un jeune avec lui, mais qui ne tarda pas à être tué sur le Loch par quelque étourdi de chasseur. C’était sans doute un de ses petits ; il avait l’aile cassée, et demeura deux ou trois jours au milieu du marais, en poussant des cris lamentables, jusqu’à ce que la mort fût venue le délivrer. — Immédiatement, et pour tout l’hiver, le vieux Goëland quitta la place, comme pour nous reprocher notre cruauté. L’automne suivant toutefois, il paraît qu’il avait oublié son injure, car je vois dans mon journal que, le 30 octobre 1830, il revint au jardin de Canonmills. Les périodes de l’arrivée et du départ furent presque les mêmes l’année d’après ; mais en 1832, octobre, novembre et décembre se passèrent sans qu’il reparût, et cette fois je désespérais