Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/223

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pêcheurs de Jersey m’ont dit n’avoir jamais entendu parler de cette espèce. Au temps de Wilson cependant, ils nichaient en nombre considérable, depuis Boston jusqu’à la baie de Fundy ; et on en trouve encore sur les rochers et les îles entre ces deux stations. En avançant vers l’est, ils deviennent de plus en plus abondants ; et au Labrador, ils se montrent annuellement par milliers qui viennent y nicher et passer l’été si court sous ces latitudes. Beaucoup même remontent plus haut dans le nord ; mais ici, comme toujours, je veux m’en tenir à mes seules observations.

Dans la dernière moitié d’octobre 1832, les Eiders parurent par troupes sur la baie de Boston. J’en reçus plein un grand panier qui me venait d’un individu chasseur et pêcheur à mon compte. C’était un homme avancé en âge, ce qu’on appelle un ancien loup de mer, et je mets quelque orgueil à vous dire que je l’avais aidé jadis à obtenir une petite pension du gouvernement, grâce à l’appui que je trouvai dans deux de mes amis de Boston, l’un, le généreux George Parkman, l’autre, le célèbre homme d’État John Quincy Adams. Le vieux brave avait autrefois servi sous mon père, et son panier d’Eiders me fit un plaisir que vous imaginerez plutôt que je ne puis l’exprimer. On vida le tout sur le plancher. C’étaient de jeunes mâles ressemblant encore à leur mère ; d’autres plus âgés, et quelques mâles et femelles auxquels il ne manquait rien, sauf que les becs des premiers avaient perdu cette teinte orange qu’on y remarque pendant les deux ou trois semaines que dure la saison des amours. Il y en avait en tout,