Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/244

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autres ne valaient guère mieux que lui ; et pourtant il souriait, se redressait encore et s’efforçait de se maintenir à côté de nous. Le pauvre M. S… pantelant, et de plusieurs pas en arrière, ne parlait plus que d’acheter un cheval. Cependant, nous avions pour le moment assez bon chemin ; et le soir, nous arrivâmes à une maison où j’entrai pour demander à souper et des lits. En ressortant, je trouvai Victor qui déjà dormait sur l’herbe ; M. Rose regardait ses pieds tout saignants ; quant à S…, il venait de s’administrer une dose de monongahela[1], et du coup avait vidé la bouteille. Il fut décidé qu’à partir de là, au lieu de prendre par Henderson, nous couperions à la traverse, sur la droite, pour gagner directement Smith’s Ferry, par la route de Highland Lick Creek.

Le lendemain, nous reprîmes notre pénible voyage ; il ne nous arriva rien de bien intéressant, excepté la rencontre d’un beau loup noir, tout à fait doux et apprivoisé et dont le propriétaire avait refusé cent dollars. M. Rose qui était homme de ressource et de goût, charmait nos ennuis avec son flageolet, et parlait souvent de sa femme, de ses enfants et de son foyer, ce qui me donnait encore meilleure opinion de lui. — En passant au long d’un verger, nous remplîmes nos poches de pêches d’octobre ; et quand nous arrivâmes à la traversée de Water-River, nous trouvâmes les eaux extrêmement basses. Déjà les vents avaient dispersé le gland sur les

  1. Voy. pour ce mot, au premier volume : « La Fête du 4 juillet dans le Kentucky. »