Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande élégance, surtout lorsque commence la saison des amours, ou quand, dans les temps sombres, il se réunit avec d’autres, pour former de grandes troupes. Il se nourrit principalement de poisson, et préfère ceux de petite taille. Sur les clefs de la Floride, je me procurai cinq échantillons de l’hippocampe, tout frais encore et n’ayant aucun mal, bien que je les eusse arrachés du bec des Cormorans. Ces oiseaux sont difficiles à tuer et vivent très longtemps.

Ils n’exigent pas trop de soins en captivité ; mais leurs mouvements disgracieux sur le sol, où ils sont quelquefois obligés de se servir de la queue pour se soutenir, les rendent déplaisants à voir. En outre, ils mangent sans mesure, empestent tout de leur fiente, et au lieu de vous charmer par leur voix, ne savent faire entendre qu’une sorte de grognement. Leur chair est noire, ordinairement dure, et ne peut convenir qu’au palais d’épicuriens blasés. Les Indiens et les Nègres des Florides tuent les jeunes, quand ils sont pour quitter le nid, enlèvent la peau et les salent, comme provisions. J’en ai vu vendre sur le marché de la Nouvelle-Orléans ; les pauvres les achètent pour faire du bouillon.

Un de ces Cormorans que je tuai, non loin du nid, et que je reconnus pour une femelle, avait les plumes de la queue couvertes d’herbes marines, extrêmement délicates, d’un vert clair, et qui semblaient y avoir poussé ; j’en ai souvent remarqué de semblables sur des tortues de mer.

Les petites plumes des côtés de la tête tombent dans