Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quoique l’été, elles ne soient pas rares dans les provinces anglaises du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Des premiers jours de mars jusqu’aux derniers d’octobre, on en trouve dans chaque État de l’Union, partout où le terrain convient à leur genre de vie, et le nombre, j’en suis persuadé, en est bien plus grand qu’on ne le suppose généralement. Comme elles ne cherchent leur nourriture que la nuit, on n’en rencontre que très peu dans le jour, à moins qu’on ne s’applique à leur faire la chasse par plaisir ou par spéculation. Ce que je sais, c’est que, du commencement de juillet jusqu’à la fin de l’hiver, on en tue des quantités considérables, et que dans la saison nos marchés en sont remplis. Vous voyez les chasseurs en rapporter par douzaines, et même on a connu des novices qui pouvaient en tuer près de cent dans un seul jour, avec des chiens et des fusils de rechange. À la basse Louisiane, on allume des torches pour les surprendre pendant la nuit ; et tandis que ces pauvres oiseaux immobiles et éblouis restent là, les yeux fixés sur la lumière, on les assomme à coups de gaule ou de bâton. Cette chasse toutefois n’est en usage que sur les plantations de sucre et de coton.

À l’époque où ces Bécasses quittent le Sud et reviennent pour nicher vers les diverses parties des États-Unis, elles voyagent seule à seule, mais se suivent de si près, qu’on peut dire qu’elles arrivent en troupes, l’une venant immédiatement dans le sillage de l’autre. C’est ce qu’on peut très bien observer lorsqu’en avril ou mars, à l’heure du crépuscule, on se tient sur la rive orien-