Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/332

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balles de coton et autres produits encombrant les rues. Les églises ne me plurent pas ; mais, comme pour me dédommager de cette fâcheuse impression, je rencontrai mon parent M. Berthoud, qui me remit des lettres de ma femme et de mes fils. Les bonnes nouvelles qu’elles contenaient me rendirent toute ma gaieté, et nous nous dirigeâmes ensemble vers le meilleur hôtel de la place, qui est celui de M. Garnier. La maison, bâtie à la mode espagnole et très spacieuse, était entourée de larges vérandas qui, à une grande distance l’une de l’autre, dominaient un beau jardin. À cette époque, Natchez ne renfermait pas plus de trois mille âmes. Je n’y suis pas retourné depuis ; cependant sans aucun doute, comme pour toutes les autres villes de nos États de l’Ouest, la population a dû considérablement s’accroître. Elle possédait une banque, et la malle arrivait trois fois par semaine de chaque partie de l’Union.

La première chose qui frappe l’étranger est la douceur de la température. On y voyait déjà en pleine maturité nombre de légumes et de fruits aussi agréables à l’œil que savoureux à la bouche, et qu’on trouve rarement sur nos marchés de l’Est avant le mois de mai. Le pewee avait choisi le voisinage de la ville pour ses quartiers d’hiver ; et notre oiseau moqueur, si justement renommé, chantait et sautillait gratis pour chaque passant. J’étais surpris de voir le nombre immense de vautours qui cheminaient le long des rues ou qui dormaient sur les toits. Le pays, jusqu’à plusieurs milles dans les terres, s’étend en une suite de légères ondulations ; le coton y vient à merveille, et presque partout