Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/362

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par-dessus nos têtes et se posèrent sur la mer, à un demi-mille du rivage, où ils restèrent près d’une heure à nager gracieusement et en silence. Un veau marin, qui vint à montrer sa tête hors de l’eau, leur fit peur ; et tous ils levèrent les ailes, comme prêts à s’envoler. Bientôt après, en effet, ils partirent ensemble, puis se séparèrent pour chercher la nourriture, et revinrent au bout d’une heure vers l’île, volant haut et criant fort. Un peu avant le coucher du soleil, ceux qui n’étaient point occupés sur le nid gagnèrent, pour se percher, les mêmes rochers, en volant silencieusement et la plupart en longues files. Nous remarquâmes qu’aussitôt qu’une troupe nombreuse s’approchait de la mer en caquetant, tous les canards qui étaient aux environs, comme saisis de frayeur, s’envolaient à de grandes distances ; et nous pûmes constater que ces Goëlands, bien que craintifs en présence de l’homme, attaquaient avec beaucoup de courage les oiseaux rapaces tels que geais, corneilles, corbeaux et même des faucons qu’ils pourchassaient jusque dans la profondeur des bois, ou du moins forçaient à abandonner le voisinage de leurs nids.

Presque aussi défiants et aussi farouches que le Goëland à manteau noir, on ne pouvait les approcher qu’en se tenant bien à couvert ; le moindre bruit les faisait immédiatement quitter leur perche. Nous étions six, armés chacun d’un bon fusil, et la plupart assez bons tireurs ; cependant nous ne pûmes jamais en tuer, pour ce jour-là, qu’une douzaine, et tous au vol. Dès que l’un d’eux partait, il donnait le signal d’alarme ; et