Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/382

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reux dans le Nord, ils se montrent rarement avant le 15 novembre. C’est aussi mon avis, étant convaincu, je le répète, que pour se rendre aux lieux où ils nichent, de même que pour les quitter, leurs voyages s’accomplissent par le milieu des terres. Si ce dernier point était bien vérifié, il faudrait y voir la preuve que ces oiseaux, différents en cela des autres canards, au lieu de s’avancer directement au Sud, quand viennent l’automne et l’hiver, suivent une direction oblique vers les régions de l’Est où ils résident, jusqu’à ce que le froid s’y fasse trop vivement sentir, et qu’ils reprennent leur vol pour gagner des contrées plus chaudes, où ils demeurent tout le reste de l’hiver.

Leur vol, bien que rappelant par sa pesanteur celui de nos plus grosses espèces de mer, est puissant, rapide, par moments très élevé et bien soutenu. Ils nagent enfoncés dans l’eau, surtout quand ils redoutent quelque danger, et probablement pour être toujours prêts à disparaître en plongeant, exercice auquel ils sont des plus experts. Ils fendent l’eau avec une extrême agilité, mais se meuvent lourdement sur terre. Leur régime varie suivant les lieux et les saisons. La plante nommée Vallisnérie[1], et dont on dit qu’ils font leur nourriture sur la baie de Chesapeake, est plus abondante dans ces eaux que partout ailleurs ; et là même elle devient quelque-

  1. C’est cette même plante qui présente, dans ses amours, des phénomènes si singuliers, d’ailleurs bien constatés par les savants, et dont plusieurs poëtes ont fait l’objet de leurs chants : voyez Darwin, dans ses Amours des plantes et Delille dans les Trois règnes de la nature.