Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/384

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quelques années ; et même plusieurs personnes m’ont assuré que, rien que dans les quinze dernières, il avait diminué de moitié. Cela, à n’en pas douter, provient d’abord de la plus grande destruction qu’on en fait, tout le monde aujourd’hui s’acharnant après eux, par occupation ou par passe-temps ; ensuite le trouble incessant qu’on leur cause les porte à se disperser plus au loin et à déserter leurs anciennes retraites.

» Dès la première ou la seconde semaine d’octobre on voit apparaître, sur les parties supérieures de la baie, les petites espèces de canards, telles que la sarcelle religieuse, le canard à longue queue et le canard rougeâtre ; puis, dans les derniers jours du mois, le millouinan, le jensen et le millouin[1], qui avec l’oie du Canada se répandent bientôt sur toute l’étendue de la baie. Enfin, mais seulement après que le froid a sévi dans le Nord, arrivent en grand nombre et jusqu’au milieu de novembre le Canard de la Vallisnérie et le cygne d’Amérique. Tous ces oiseaux, dans les premiers temps, sont maigres et sans goût, à cause des privations qu’ils ont souffertes pendant le voyage et peut-être pendant les préparatifs de leur installation. Il faut plusieurs jours d’un repos non interrompu pour leur communiquer cette saveur qu’on prise tant chez certains d’entre eux. Dans les basses marées qui suivent leur retour, ils se tiennent sur les bancs, loin du rivage, et rarement prennent l’essor, à moins qu’ils ne soient inquiétés ; mais quand les marées du printemps rendent les eaux

  1. Anas albeola, glacialis, rubida, marila, Americana, ferina.