Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/390

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solide de Canards couvrant l’eau à une distance de quarante à cinquante mètres ? Toutefois, en réfléchissant que le chasseur est placé presque de niveau avec la surface, on comprend que le corps qu’il a devant lui, bien que composé de plusieurs centaines d’individus, ne présente qu’une largeur de quelques pieds ; aussi le meilleur conseil que puissent donner les vieux tireurs, c’est, si l’on ne veut pas porter trop haut, de tenir le Canard le plus rapproché toujours en plein au-dessus de la ligne de mire, quelle que soit la longueur de la colonne. J’ai vu l’exactitude de ce principe complétement vérifiée par l’expérience, un jour que j’avais attiré plusieurs centaines de Canards à cinquante pas du rivage : environ vingt mètres au delà des derniers rangs étaient cinq millouinans, et un seul seulement de ceux-ci fut tué, quoiqu’on eût visé juste au milieu de la bande, et qu’on se fût servi d’une canardière bien chargée et à l’épreuve.

» Avant de quitter ce sujet, le tir au Canard, quand il est posé, je veux citer encore un fait qui s’est passé sur la rivière Bush[1], il y a quelques années : un individu dont l’habitation était située près du bord s’aperçut, un matin, qu’à une vingtaine de mètres du rivage et juste en face de sa maison, les eaux étaient toutes prises par la glace, sauf un espace de dix à douze pieds entièrement couvert de Canards. S’étant armé de son grand fusil, il tira au beau milieu, et plus de la moitié resta sur la place. Ceux qui d’abord avaient

  1. Dans l’État de Maryland.