Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/406

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Il y a dix ou douze ans, on tua un couple de ces Pélicans blancs, non loin de Philadelphie, sur la Delaware. Ce sont, autant que je puis croire, les seuls de cette espèce qu’on ait encore vus dans nos États du centre, où même le Pélican brun ne passe jamais. Je ne sache pas qu’aucun individu de l’une ou l’autre espèce se soit montré nulle part sur nos côtes de l’Est. De tous ces faits on peut conclure que les Pélicans blancs gagnent les régions nord de la baie d’Hudson, en voyageant vers l’intérieur des terres, et surtout en longeant au printemps, le cours de nos grandes rivières de l’Ouest ; ce qu’ils font aussi, quoique d’un vol moins rapide, en automne.

À bien réfléchir, ne doit-on pas penser que les migrations d’un grand nombre de nos oiseaux, aujourd’hui du moins, sont en partie artificielles ; et que, pour la plupart, ces myriades d’oies, de canards et autres que nous voyons, chaque printemps, quitter nos districts méridionaux pour remonter vers le Nord, avaient autrefois l’habitude d’établir leur nid et de se fixer partout où, quelle que fût la latitude, ils trouvaient les conditions du climat favorables ? Quant à moi, je crois que, si ces pauvres bêtes s’enfoncent à présent dans des régions du globe sauvages et inhabitées, c’est pour fuir les difficultés et les dangers qu’ils rencontrent dans la multiplication sans cesse croissante de notre espèce ; ils vont chercher de lointaines retraites où ils puissent jouir de la paix et de la sécurité nécessaires pour élever leur innocente famille, et qui, de nos jours, leur sont refusées aux lieux qu’anciennement ils possédaient.

Le Pélican blanc ne fond jamais sur sa proie en vo-