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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/408

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laissant voir que leur mandibule supérieure, tandis que l’inférieure écumait l’eau en dessous, comme une véritable nasse ; puis ils l’élevaient de temps en temps, la rapprochaient de l’autre, et toutes deux se rencontrant dans une position perpendiculaire, l’eau s’en échappait ; enfin, par un second mouvement du bec en haut, le poisson se trouvait englouti. Après avoir ainsi balayé un espace d’environ cent pas, en ligne déployée et nageant parallèlement l’un à l’autre, ils prenaient l’essor, tournoyaient quelque temps dans le voisinage, et bientôt redescendaient à l’endroit où ils avaient commencé la pêche, pour répéter les mêmes manœuvres. Ils se tiennent plus loin du rivage que les Pélicans bruns, et dans de plus hautes eaux ; cependant il s’en détachait parfois quelqu’un de ces derniers qui, en poursuivant un poisson, s’approchait tout près des autres, sans qu’ils se témoignassent entre eux le moindre mauvais vouloir. Je les observai pendant plus d’une heure, caché derrière de grosses souches ; et quand leur repas fut terminé, ils s’envolèrent tous de compagnie vers une autre île, sans doute pour y passer la nuit, puisqu’ils sont les uns et les autres des oiseaux diurnes. Une fois repus, ils gagnent la rive, les petites îles dans les baies et les rivières, ou bien se posent sur des troncs d’arbres flottants à la surface des basses eaux, mais à une bonne distance du bord ; et dans ces différents cas, ils aiment à se tenir ensemble et très rapprochés les uns des autres.

Il m’était absolument indispensable d’en avoir plusieurs spécimens, pour pouvoir en donner une bonne description anatomique ; et j’avais mis en réquisition