Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/420

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les cormorans, mais laissent entre eux un espace de plusieurs pieds, selon la proximité des branches. En dormant, ils restent le corps tout droit, et jamais ne ploient le tarse, de manière à l’appuyer dans toute sa longueur, selon l’habitude du cormoran. Ils ont la tête bien cachée sous les scapulaires, et de temps en temps font entendre une sorte de ronflement que l’on suppose produit par la respiration. Quand il pleut, ils demeurent souvent perchés la plus grande partie du jour, dans une attitude droite, la tête et le cou tendus en avant, et sans faire le moindre mouvement, comme pour faciliter l’écoulement de l’eau le long de leur corps ; parfois cependant ils se secouent brusquement, leurs plumes se hérissent, pour retomber bientôt après, et ils reprennent leur singulière posture.

Cette disposition à retourner au même perchoir est tellement prononcée, que, quand on les en chasse, ils manquent rarement d’y revenir dans le cours de la journée ; et de cette manière, en faisant quelque attention, on peut assez aisément s’en procurer. Étant chez M. Bulow, j’avais coutume de visiter, presque chaque jour, un long et tortueux bayou de plusieurs milles d’étendue, et sur lequel, en cette saison (l’hiver) abondaient les Anhingas. L’alligator, la loutre et une foule d’oiseaux y trouvaient ample pâture, et moi, j’étais continuellement à les guetter. Je ne tardai pas à découvrir la retraite des Anhingas : c’était sur un gros arbre mort ; mais impossible de les joindre, soit en s’avançant avec précaution dans un bateau, soit en rampant parmi les roseaux et les palmettes qui de toutes