Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/447

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tantôt à pas comptés, d’autres fois en courant, et passe à la nage ou à gué d’un bas-fonds à l’autre, le corps, dans ce dernier cas, enfoncé jusqu’au cou dans l’eau, et les ailes en partie relevées. Par moments, on la voit se glisser au milieu des joncs où elle ne reste cachée que quelques instants. Les Avocettes que j’observais ici se tenaient à part l’une de l’autre, mais s’entrecroisaient de mille manières, gardant toutes un silence complet et sans se manifester jamais la moindre animosité, bien qu’à l’approche seule d’un chevalier, elles ne manquassent pas de s’élancer aussitôt pour lui donner la chasse. Différentes fois, m’étant mis à siffler très fort, sans bouger, elles s’arrêtèrent tout court, se haussèrent pour regarder, firent entendre deux ou trois petits cris ; puis, après être restées un moment en alerte, s’envolèrent à leurs nids, mais ne tardèrent pas à revenir. Pour chercher la nourriture, elles s’y prennent absolument comme le bec en cuiller rosé[1], et font aller la tête de côté et d’autre, en fouillant de leur bec la vase molle. Dans certains cas, quand l’eau était profonde, elles y plongeaient toute la tête et une partie du cou, ainsi que fait la spatule et la bécassine brune. Lorsqu’au contraire elles poursuivent les insectes aquatiques qui nagent à la surface, elles courent après, se jettent dessus et les saisissent, en passant par-dessous leur mandibule inférieure, tandis que l’autre se tient convenablement relevée. C’est à peu près la même manœuvre qu’emploie le bec en ciseaux, sauf qu’il les attrape lui-même pen-

  1. La spatule rose.