Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/469

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apportent à cette époque les parents, qui paraissent alors ne s’occuper que de leur progéniture, au point de s’oublier presque eux-mêmes. Le pilote me dit encore que l’odeur qui s’exhalait du sommet du roc était insupportable, encombré comme il l’est, durant la saison des amours, et après la première visite des pêcheurs, de débris putrides de vieux et de jeunes oiseaux, d’excréments et des restes d’une multitude de poissons. Il ajoutait que les Fous, bien que peu braves de leur naturel, résistent cependant parfois, et attendent de pied ferme l’approche de l’homme, en le menaçant de leur bec, dont ils lui portent de rudes et dangereux coups. Maintenant, lecteur, je puis vous affirmer qu’à moins d’avoir vu de vos propres yeux la scène dont mes amis et moi nous fûmes ici témoins, il vous est impossible de vous faire aucune idée de l’impression qu’elle laissa dans mon esprit.

Après avoir élevé sa famille, le Fou parcourt, dans ses migrations vers le Sud, une étendue de pays beaucoup plus considérable qu’on ne l’a jusqu’à présent supposé : souvent, à la fin de l’automne et en hiver, j’en ai vu sur le golfe du Mexique ; et même, lors de ma dernière expédition, j’en ai rencontré jusqu’à l’embouchure de la rivière Sabine. Comme c’est exclusivement un oiseau de mer, jamais il ne s’avance dans l’intérieur des terres, à moins d’y être emporté par un fort coup de vent ; et c’est ce qui arrive quelquefois, par exemple, dans la Nouvelle-Écosse, dans le Maine et dans les Florides, où j’en ai vu un qu’on avait trouvé mort au milieu des bois, deux jours après un furieux