Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/52

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et cent fois occasion de les étudier à ce moment ; ce que j’en vais dire est donc puisé à bonne source.

Mars est de retour ; le cornouiller épanouit au soleil ses blancs corymbes ; les grues s’en vont déployant leurs larges ailes, et disent adieu pour une saison à notre pays ; des multitudes d’oiseaux d’eau poursuivent en l’air leurs migrations du printemps ; les grenouilles mettent la tête hors de leurs retraites fangeuses et hasardent quelques coassements, premiers signes d’une joie encore languissante ; enfin, d’hier sont arrivées les hirondelles, et l’oiseau bleu vient de rentrer à sa boîte. Presque seule, sur le marais, reste la brillante troupe des Canards, et là, vous pouvez la contempler à loisir. Voyez le mâle jaloux donnant la chasse à ses rivaux, et la femelle rusée qui coquette avec celui qu’elle a choisi. Comme ce dernier relève gracieusement la tête et fait onduler son cou ! Comme il s’incline devant l’objet de son amour et redresse son aigrette soyeuse ! Sa gorge se gonfle, et il en sort un son guttural qui semble des plus doux à celle qui va devenir sa compagne. Incapable elle-même de dissimuler le désir de plaire qui la transporte, elle nage à côté de son mâle, lui caresse les plumes avec son bec, et manifeste vivement son déplaisir à toute autre de son sexe qui ose approcher. Bientôt l’heureux couple se retire à l’écart ; leurs caresses redoublent, et le pacte conjugal étant enfin scellé, ils s’envolent dans les bois pour chercher quelque spacieux trou de pic et s’y établir. Parfois les mâles se battent entre eux ; mais leurs combats ne sont pas de longue durée, et le champ de bataille est rare-