Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/54

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se sentent blessés et suivis de près, ils nagent vite et plongent bien ; quelquefois, se maintenant presque à fleur d’eau, ils ne laissent paraître que leur bec ; mais, en d’autres temps, ils s’échappent au fond des bois ou se tapissent au milieu d’un champ de cannes, derrière quelque grosse souche. C’est là souvent que je les ai trouvés, conduit par mon chien, qui les avait suivis à la piste. Quand l’alarme est donnée, ils s’envolent de dessus l’eau d’un seul coup d’ailes, soit pour fuir dans les bois, soit pour descendre ou remonter au long de la rivière ; mais qu’un ennemi se montre, tandis qu’ils sont à couvert sous les broussailles ou les roseaux d’un étang, alors, au lieu de partir, ils nagent en silence au plus épais du fourré, et finissent par tromper toute recherche en abordant sur la rive et en courant à quelque petite place bien cachée au milieu d’un autre étang. En automne, on voit souvent toute une famille debout ou bien se reposant sur une souche flottante, où elle demeure ainsi des heures entières, occupée à s’éplumer et à faire sa toilette. Dans ces moments-là, un chasseur expérimenté peut en tuer une demi-douzaine et plus d’un seul coup.

Le Canard huppé, ou, comme on l’appelle dans les États de l’ouest et du sud, le Canard d’été, se nourrit de glands, de faînes, de raisins et de baies de différentes sortes, après lesquelles il plonge à moitié, comme le Canard sauvage commun, ou qu’il cherche en retournant très adroitement les feuilles, sous les arbres du rivage et dans les bois. Dans la Caroline, ils se retirent, durant la nuit, sur les champs de riz aussitôt que le