Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/56

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même troupe ; et j’ai su positivement qu’on en avait tué quelquefois quinze d’un seul coup ; mais il est exact de dire qu’ils n’élèvent qu’une couvée par saison, à moins que leurs œufs ou leurs petits n’aient été détruits ; et, dans ce cas, la femelle sait bien rappeler à elle son mâle du milieu de la troupe à laquelle il s’était joint.

Dans un journal de notes que j’écrivais à Henderson il y aura bientôt vingt ans, je trouve constaté ce qui suit : L’attachement du mâle pour sa femelle ne dure qu’une saison, et chaque année ils savent se pourvoir d’une nouvelle compagne, les plus forts choisissant les premiers, et les plus faibles devant se contenter de ce qui reste. Les jeunes que j’élevai chez moi, quel que fût le lieu d’où ils parvinssent à s’échapper, ne manquaient jamais de se diriger tous en droite ligne vers l’Ohio, bien qu’auparavant aucun d’eux n’eût assurément ni fréquenté, ni même vu ce fleuve. Une dernière circonstance que j’ai à mentionner ici, c’est que, lorsqu’il entre dans la cavité où est son nid, ce Canard s’y plonge tout entier du premier coup, sans s’être préalablement posé sur l’arbre ; jamais non plus je n’en ai vu prendre, par force, possession du trou d’un pic ; enfin, pendant l’hiver, il souffre volontiers que des Canards d’espèces différentes fassent société avec lui.