Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/84

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le pauvre crapaud saute et se débat dans l’eau. Cependant toutes les autres petites lignes sont ainsi successivement attachées, amorcées et jetées dans le courant, et nous regagnons paisiblement les bords.

Quelle délicieuse chose que la pêche ! ai-je souvent entendu s’écrier à un honnête pêcheur qui, patient comme Job, immobile ou marchant à pas comptés le long d’un ruisseau large de vingt pieds et profond de trois, promène bravement sa mouche artificielle devant une truite, laquelle se prend enfin, et se trouve au bout du compte peser une demi-livre. Quant à moi, je n’ai jamais eu cette vertueuse résignation ; pourtant j’ai attendu dix longues années : et maintenant les trois quarts seulement de mes oiseaux sont gravés, bien que j’aie fait la plupart des dessins depuis 1805, et qu’il me faille encore attendre deux ans, avant d’en voir la fin ! Mais, je le répète, en fait de pêche, jamais je n’ai pu tenir une ligne plus de deux minutes, à moins que ça ne mordît rondement, et que sans cesse un poisson ne suivît l’autre par-dessus ma tête. Si je pêche la truite, je veux, ou m’en retourner sur-le-champ, ou bien en prendre comme j’ai fait en Pensylvanie et dans le Maine cinquante et plus dans une couple d’heures. — Pour notre ligne, elle dort dans la rivière, et elle du moins attendra très bien que je vienne y regarder ce soir. Maintenant, rien ne m’empêche de prendre mon fusil, mon album, et, suivi de mon chien, de faire ma tournée dans les bois jusqu’au déjeuner. Peut-être rencontrerai-je un dindon sauvage ou quelque daim. Il n’est que quatre heures, et la matinée est si belle !