Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/106

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de quatre soldats européens, de dix tirailleurs sénégalais appelés de Tsiombe, ainsi que le médecin aide-major Lescure. La goëlette, soulevée par une mer démontée, repoussée par des vents contraires, dut rentrer à Fort-Dauphin sans avoir pu atteindre le but de son voyage.

Le 15 décembre, départ d’une deuxième goëlette. Celle-ci atteignit Manantenina le lendemain, dans les conditions relatées par la dépêche suivante, émanant du lieutenant Barbassat assiégé dans le poste.

« Goëlette Ninette arrivée 16 décembre par mer complètement démontée ; est venue s’échouer à l’entrée rivière après s’être fortement endommagée sur les récifs. Équipage et détachements européens et sénégalais ont pu se sauver avec armes et munitions. La plus grande partie du ravitaillement est perdue dans les eaux et entre autres tout l’approvisionnement de riz pour trente jours, mais farine et pas mal de conserves sauvées ainsi que neuf caisses de munitions rentrées au poste. Ai encore approvisionnement de riz pour quatorze jours environ. Je fais couper autour du poste quelques rizières mûres, mais je crains que les pluies continuelles ne détériorent le paddy récolté faute de séchage ».

Le 10 décembre, Manantenina assiégé avait été attaqué par une bande nombreuse d’insurgés. L’attaque avait été repoussée : l’ennemi laissait sur place sept morts, un fusil 74, soixante-dix sagaies, autant d’angadys[1] et soixante cartouches 74.Le combat avait duré de 4 h. 30 à 8 h. 30 : les assaillants avaient brûlé cinq cents cartouches, dont les étuis furent recueillis sur le terrain.

  1. Sorte de bêche.