Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/139

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Pour le soustraire à ce châtiment, ils l’empoisonnèrent avec les aliments que, par tolérance, les familles apportaient aux détenus dans les postes où il n’existe pas de véritable prison, ce qui est le cas de Sandravinany ».

Or M. Lepreux n’avait rien fait, bien au contraire, afin de s’éclairer sur les circonstances dans lesquelles avait succombé Kotavy.

À l’hypothèse empoisonnement, s’en opposait une autre : Kotavy aurait été tué par les tirailleurs sénégalais, préposés à sa garde, jaloux de venger leurs frères tombés devant le repaire de Iabomary. L’examen du cadavre de Kotavy, une autopsie, pouvaient permettre de vérifier la valeur de chacune de ces hypothèses. Le Dr  Jourdran, médecin-major de 1re  classe, de l’armée coloniale, praticien de valeur, accompagnait dans sa tournée administrative le gouverneur ; il lui demanda l’autorisation de pratiquer l’autopsie de Kotavy. M. Lepreux la lui refusa.

La façon dont mourut Kotavy est restée mystérieuse. Certaines observations rendent douteuse l’explication du décès présentée par le lieutenant Bars, acceptée et rendue officielle par le rapport de M. Lepreux au gouvernement.

Kotavy aurait été empoisonné par ses parents ? Quels parents ? Aucun ne s’est fait connaître à Sandravinany, aucun n’a, après sa mort, réclamé son cadavre, n’a demandé à l’ensevelir et à l’inhumer, pratique toujours religieusement respectée pourtant dans la famille malgache. Comment les officiers et soldats chargés de garder un prisonnier aussi important que Kotavy, le chef principal, des révoltés, l’auraient-ils laissé en communication avec ses amis, ses parents, ses complices d’hier ?