Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/151

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munications au ministère était, j’en suis convaincu, et je le répète, d’entière bonne foi. Son opinion sur les causes de l’insurrection était erronée — nous le verrons plus loin —, et, dans les conditions où elle s’était formée, ne pouvait être qu’erronée. Sur les choses de son gouvernement, quand il s’agissait des rapports de ses agents avec les indigènes, il était mal informé. Des faits importants, des agissements absolument contraires à ses intentions et à ses instructions, lui étaient dissimulés. Aujourd’hui, sachant comment les indigènes du sud étaient traités par certains agents civils ou militaires, la révolte nous apparaît la conséquence fatale de mœurs administratives trop répandues. En 1904, le général Galliéni ne savait rien de ces pratiques. La situation morale et matérielle des indigènes lui était dépeinte dans des rapports officiels avec un optimisme absolu. La réalité, pour être connue, aurait dû être étudiée sur place, par des contrôleurs éclairés et indépendants ; à Tananarive on ne vérifiait que des pièces.

Quand le gouverneur général se déplaçait, visitait quelque région, les choses se passaient sur le modèle des inspections générales militaires : les intéressés prévenus à l’avance avaient le temps de se préparer. Sur le passage du gouverneur général, à l’approche des agglomérations le cortège officiel défilait entre deux haies d’indigènes, vêtus de lambas d’une éclatante blancheur, les femmes battant des mains en cadence. À l’entrée des villages, un chœur de mpilalys[1] exécutait des chants et des danses ; parfois une troupe, organisée en corps de ballet, portant boucliers et lances de parade, exécutait après de nombreuses répétitions une pyr-

  1. Musiciens et chanteurs.