Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/156

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ces, elles avaient été, non seulement éconduites sans obtenir aucune satisfaction, mais encore il s’en suivait parfois un massacre général de tous les adultes et la mise en captivité des femmes et des enfants. Certes les indigènes du sud n’ignorent pas que ces procédés de l’ancien régime ont aujourd’hui disparu, mais ils ne peuvent croire que leurs réclamations, même lorsqu’elles s’exercent contre les Européens ou des représentants de l’autorité, seront toujours écoutées et accueillies, si elles sont justifiées.  »

Ce morceau de littérature est à méditer. L’autorité locale avait considéré d’abord l’impôt comme cause de l’insurrection, puis, devant la répugnance du gouvernement général à accepter cette thèse, avait attribué la révolte à la mentalité obstinément sauvage des indigènes. La presse avait, elle, vu dans la rébellion et l’assassinat d’Européens, des actes de vengeance d’une population tyrannisée.

M. Benevent avait traité ces dires de calomnies, célébré les mérites de Vinay et Choppy ; le général Galliéni s’était rangé à une manière de voir dont il lui était impossible de critiquer la justesse.

M. Lepreux avait, d’après des renseignements recueillis sur place, de la bouche d’indigènes victimes des agissements de Vinay, reconnu l’exactitude des accusations portées par la Dépêche de Madagascar.

Il fut évidemment perplexe. Cacher ces faits au ministère, c’était impossible. Tôt ou tard le gouvernement en aurait connaissance par des fonctionnaires mécontents ou des colons venant de la grande Île. D’autre part, les révéler, alors que le gouvernement général allait probablement devenir vacant par le départ définitif du général Galliéni.