Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/164

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naturelles à tirer de notre domaine extérieur, mais demeuraient obstinément discrets sur les moyens de les exploiter.

Ces moyens, c’était principalement l’argent nécessaire à l’organisation administrative et économique de territoires immenses. Mais le ministre des colonies connaissait l’opinion parlementaire traditionnelle : ne pas sacrifier un centime de l’argent de la métropole à pareille entreprise. Tout ce que pouvait payer la France, c’était la solde des troupes coloniales, et non sans protester contre leur action.

Ainsi s’explique que, si longtemps, les colonies aient été administrées militairement. Le coût élevé des soldes aux colonies se dissimulait dans l’ensemble des dépenses du budget de la Guerre, et les besoins de la défense nationale, confondus avec ceux de l’armée elle-même, faisaient supporter, sans trop de protestation, les dépenses militaires coloniales.

Quant aux charges imposées par la création de fonctionnaires civils, par l’organisation des services indispensables : postes et télégraphes, douanes, transports, travaux publics, justice, police, agriculture, mines, c’est-à-dire tous les organes indispensables à la vie d’une collectivité, la colonie devait les payer sur ses ressources propres, sans concours de la Métropole. Le système des militaires improvisés « maîtres Jacques » de l’administration, le système « débrouillez-vous », ne pouvait indéfiniment remplacer une véritable organisation. Quelles pouvaient être les ressources de la colonie, pour faire face à ses dépenses d’organisation ? Des impôts directs ? Prélevés sur qui et sur quoi ?