Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/170

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l’état-major de Madagascar, les documents qui auraient permis de juger les aptitudes du sergent à l’administration des indigènes. Pendant quelques mois, Vinay eut avec lui un soldat européen, que la maladie éloigna en 1902. Les procédés répréhensibles apparurent dès que, délivré d’un témoin, le sergent put s’abandonner à ses impulsions naturelles.

La rentrée de l’impôt de capitation et de la taxe sur les bœufs était laborieuse dans tout le district de Vangaindrano. L’argent y était rare. La chasse à l’impôt fut ardemment poursuivie dans le secteur d’Amparihy.

Le chef de district de Vangaindrano dans son rapport du 1er trimestre 1904 écrit : « Quand les miliciens se présentaient aux abords d’un village dans le but d’arrêter les retardataires, ils voyaient ceux-ci disparaître dans les forêts et leurs opérations de police se transformaient alors en véritables chasses à l’homme ». À l’approche du chef de district lui-même : des villages entiers se vident.

Et pour que dans ce pays sans argent, l’impôt de 1903 ait été complètement couvert en janvier 1904, il avait fallu que « la chasse à l’impôt » ait été ardente. Vinay, dans son secteur, s’y était livré sans mesure.

Quelques exemples, puisés dans la correspondance même du sergent, montrent par quels moyens il assurait le recouvrement de l’impôt. Les chefs de village étaient rendus responsables du non paiement des impôts par les contribuables des agglomérations sous leurs ordres. Dans une lettre du 12 novembre 1902, Vinay rend compte que, des contribuables s’étant absentés de leurs