Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/172

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L’annonce de l’augmentation de la capitation, portée de 10 à 15 francs dans la province de Farafangana, provoquait en effet le déplacement des indigènes vers la province voisine de Fort-Dauphin, où l’impôt était moins lourd.

Vinay, en toutes choses, agissait en véritable despote. L’emprisonnement était son moyen d’assurer l’exercice de son autorité et de ses fantaisies.

Un chef Tsilefa est allé à Vangaindrano sans prévenir le sergent ; il est puni de 15 jours de prison.

Un autre chef, Tsimiavika, n’a pu arriver à temps à Vangaindrano, où il était convoqué pour un kabary. Il est puni de 8 jours de prison pour n’avoir pas dit au sergent que, se sentant malade, il ne pourrait répondre à la convocation.

Des indigènes retardataires de l’impôt se sont engagés comme porteurs, au service de marchands, afin de gagner l’argent nécessaire au paiement de leurs contributions. Ils sont rencontrés, avec leur convoi, par les miliciens de Vinay. Les miliciens les escortent jusqu’à leur lieu de destination, puis les ramènent à Amparihy où est confisqué le salaire versé par leurs employeurs.

Il faut noter que toutes ces incarcérations prescrites par Vinay étaient illégales. Les peines de prison visées par l’arrêté sur l’indigénat, ne pouvaient être infligées que par les chefs de province ou de district. Simple chef de poste, Vinay n’avait point qualité pour condamner un indigène à la prison ; il devait solliciter du chef de district l’application du code de l’indigénat. Comment l’administration supérieure a-t-elle pu tolérer de tels excès de pouvoir ?

Vinay voulait-il un bœuf, quand il ne le prenait