Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/217

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agissante sur des gens convaincus de la supériorité de ceux qui les conseillent. Mais le facteur puissant, le plus capable de pousser des primitifs à travailler en vue de gagner de l’argent, c’est l’apparition chez eux de besoins nouveaux.

Nourri par un sol fertile, sur lequel poussent spontanément ou sans grand labeur des grains et des fruits, ravitaillé par la chasse et la pêche aux produits abondants, vivant sous un climat qui permet l’usage de vêtements et d’habitations sommaires, le primitif satisfait aisément à tous ses besoins : c’est un riche. Il ne fera un effort inaccoutumé que si des besoins lui naissent, se superposent à ceux auxquels il donne si facilement satisfaction.

Tous les primitifs, les noirs surtout, ont, comme les enfants, un instinct inné d’imitation. C’est le même instinct qui porte les enfants à jouer aux grandes personnes, et les primitifs à adopter, copier les gestes et les habitudes des civilisés.

Pour s’en convaincre, il suffit de considérer les noirs transplantés en France ; ils sont vêtus aux dernières modes, dès qu’ils le peuvent.

Aux colonies, l’indigène, le noir surtout, copie le blanc avec lequel il est en contact. C’est le désir de posséder les objets, souvent les plus inutiles, employés par les Européens, qui le détermine à se procurer par le travail les sommes nécessaires à leur achat.

Le besoin d’argent est le seul moyen de pousser au travail d’indigène (comme d’ailleurs l’Européen) et le besoin d’argent ne détermine le travail volontaire que si l’argent permet au travailleur de satisfaire des désirs. Évidemment l’impôt amène le primitif à travailler, mais c’est une forme de