Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/222

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dre les initiatives utiles. Je connais assez l’esprit de dévouement, le sentiment du devoir des administrateurs pour être certain que les plus hauts gradés accepteront volontiers ces postes dans lesquels ils auront à remplir la mission de pionniers de la civilisation, d’éducateurs de races arriérées, honneur et raison d’être de leur corps.

Vous proscrirez absolument les procédés de violence employés dans le but de soumettre les indigènes réfractaires fuyant notre contact. Explicables, plus qu’excusables au début d’une occupation, alors que le pays, le nombre, l’armement, les mœurs des populations sont inconnus, ces procédés sont à condamner sévèrement dans l’état présent. Les tournées de police au cours desquelles tirailleurs ou gardes de milice, trop souvent abandonnés à eux-mêmes, aussi peu civilisés que ceux qu’ils poursuivaient, ont commis les pires excès, n’ont amené aucun résultat heureux. La preuve de leur échec est donnée par la nécessité de les répéter presque chaque année. Par contre, ces mesures brutales ont retardé l’heure où les indigènes se décideront à la soumission. Ces primitifs, au début, s’éloignaient de nous par la défiance de l’inconnu, la crainte d’être troublés dans leurs habitudes ; il eut fallu les rassurer, leur montrer que notre présence ne comporte pas de dangers. Ils devaient nous connaître par les avantages à retirer de notre contact. Par la rigueur, des effets absolument contraires ont été obtenus. Les indigènes ont été affolés par des tournées de police violemment conduites. Les villages abandonnés sur le passage de la colonne, étaient incendiés, les cultures détruites ; on tirait sur les groupes en fuite, frappant au hasard. Dès qu’un casque blanc ou une chéchia