Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/225

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L’impôt indigène direct, soit sous forme de versement d’une taxe de capitation en espèces, soit sous forme de prestation en nature : travail ou deniers, ne sera plus la première manifestation de notre occupation ; il ne sera exigé qu’au moment où les indigènes le fourniront en en comprenant le but, en recevant, comme contre-partie, le bénéfice d’institutions à leurs usages, telles que les écoles et les secours médicaux.

Au lieu de commencer par l’impôt, c’est par lui que nous finirons.

De cette conception, de ces pratiques, la conséquence est précise : « La Métropole doit payer, pendant le temps nécessaire, les dépenses des colonies ; le principe : les colonies se suffisent à elles-mêmes, est un principe faux, à rejeter complètement, définitivement, au début de toute entreprise de colonisation. » Les colonies arriveront d’autant plus rapidement à se suffire à elles-mêmes et à procurer des bénéfices à la Métropole, que la Métropole les aura plus complètement et généreusement organisées. Nous en sommes encore au système des conquistadors, et nous agissons, ou avons agi, comme des Cortez ou des Pizzare… Avec quelque hypocrisie en plus toutefois, car pour vivre aux dépens des colonies, nous n’avons pas eu besoin de brûler nos vaisseaux.

Tant que l’indigène ne sera pas notre auxiliaire volontaire, amené à nous par la naissance à notre contact de besoins nouveaux, par la sensation du bien-être dû à notre présence, la Métropole fournira les sommes nécessaires aux frais de l’administration, à la constitution de l’outillage économique de ses colonies.

M. Sarraut, dans son passage au Ministère des