Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/44

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même, fonctionnaire au service des Français, s’était rangé du côté des insurgés, après le kabary de Tsirondahy. Il avait nommé un notoire partisan de l’insurrection, du nom d’Ingalera, chef de Nossi-Vé.

Karama suivait dans une pirogue celle de Ratovo, espérant s’éloigner des fahavolos, auxquels il avait cédé par crainte, résolu sans doute à prendre aux yeux de l’autorité française la même attitude que l’instituteur.

Les révoltés de Nossi-Vé se lancèrent à la poursuite de Ratovo : ils s’approchaient ; le malheureux instituteur demanda à Karama de le prendre avec lui dans sa pirogue. Karama le repoussa et s’éloigna.

Des bourjanes de Nossi-Vé, Zanahiby et Bifioly, rejoignirent l’embarcation de Ratovo. Après avoir tué l’instituteur à coup de famakys et de pagaies, ils le jetèrent à l’eau ; sa femme Ravoniarihasy fut noyée et son enfant enfoncé dans la vase.

Le nouveau chef Ingalera avait aussi pris sa part de ce meurtre. À Nossi-Vé même, il fit élever des retranchements et mettre l’île en état de défense.

Il n’y avait eu aucun complot ; il n’y eut aucune action commune entre gens ne se connaissant pas. La similitude des situations et des griefs détermina à Nossi-Vé comme à Begogo, comme à Amparihy, des réactions identiques de la part des indigènes.