Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/61

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trouve ensuite dans quatorze ou quinze villages successifs, confié à différents indigènes. Puis, comme la main et les pieds de Vinay, de Choppy, il disparaît, recueilli très probablement par quelque ombiasi, pour être employé à la préparation magique de ses fanafodys.

Ivonirana, la femme du sergent Pietri, témoin de son assassinat, prise de terreur, ne songea d’abord qu’à fuir. Elle se réfugia dans la case de Tsikamo, chef du village d’Esira, y rencontra la femme de ce dernier, préparant des paquets. Bientôt ses frères de sang et Ibefitoatra vinrent la chercher.

Dans l’esprit d’Ivonirana, dès que sa sécurité fut assurée, se réveilla l’instinct de lucre, toujours très vif chez les malgaches et chez les femmes peut-être plus que chez les hommes. Elle pria son frère Ibefitoatra d’aller prendre sa malle et celle du sergent : la malle du sergent fut apportée dans la case de Tsikano où Ivonirana s’était réfugiée. Et tous trois, la femme et ses deux frères, se rendirent au village d’Imieba.

Le lendemain matin, au lever du jour, les fahavalos de Fiela arrivèrent à Imebia, réclamant la malle du sergent. L’ayant trouvée, ils la brisèrent et en prirent le contenu, pauvre trousseau de Pietri : un pantalon de flanelle, une vareuse, deux epaulettes, un ceinturon et un revolver.

Ivonirana fut ramenée à Esira ; elle y fut sommée de montrer la cachette que les révoltés soupçonnaient contenir l’argent du poste. Dans les ruines des cases incendiées, la femme déclara ne pouvoir retrouver la place de la caisse dans la chambre du sergent. En réalité, les tirailleurs, nous l’avons vu, avaient pris soin de ne pas